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Centre environnemental de Mouzaki - Lundi 13 février 2017

Un cultivateur de plantes aromatiques

Notre première rencontre de la journée nous permet de découvrir le parcours emblématique d’un ancien plombier athénien, chassé de la capitale par la crise et le chômage, qui s’est reconverti dans la culture de plantes aromatiques biologiques. En effet, la Grèce est un pays toujours très rural (44% de la population vit en milieu à prédominance rural) et le secteur agricole n’a donc pas été épargné par la crise économique de 2008 (bien que des difficultés se soit faites ressentir dès le début des années 2000, avec une baisse de la production. En cause, notamment la baisse du pouvoir d’achat de la population ainsi que l’augmentation des taxes pour les agriculteurs). Dès lors, on a pu observer un phénomène important de “contre-exode rural” (avec un programme de retour à la terre de la part du gouvernement, à la fois pour lutter contre le vieillissement de la population agricole mais aussi pour aider les personnes au chômage à retrouver une activité). Aujourd’hui 13% de la population active vit de l’activité agricole, ce qui est sensiblement plus élevé que dans d’autres pays européens comme la France par exemple. Il est vrai qu’en Grèce le secteur agricole est devenu attractif en période de crise, avec une hausse du nombre d’actifs retournant s’installer sur les terres familiales.

C’est d’ailleurs le cas de l’agriculteur étant venu nous rencontrer. Ce dernier s’est lancé dans une nouvelle activité en quasi-néophyte mais non sans avoir discuté des perspectives de ces cultures avec des amis qui connaissaient le marché. Contrôlant toutes les étapes, de la culture jusqu’au conditionnement, il capte une grande partie de la valeur ajoutée des produits qu’il vend ensuite directement à des restaurants. De la Grèce à l’Allemagne, en passant par plusieurs autres pays européens, il s’appuie pour cela sur les précieux réseaux de la diaspora héllénique.

Comme bien d’autres agriculteurs se lançants dans la “branche” des plantes aromatiques (et médicinales pour beaucoup) la production est destinée à l’exportation (alors qu’en retour, la consommation nationale de plantes aromatiques est assurée par l’importation, situation ne s’appliquant pas qu’à cette “branche” du secteur agricole) !

Sa femme (avocate) et ses enfants l’ont suivi en retournant vivre au village, lui assurant ainsi un équilibre psychologique et un minimum de sécurité économique. Il a aujourd’hui des projets de développement de son activité et nous dit ne rien regretter de son ancienne vie d’urbain.

 

 

Un dirigeant d’une PME de l’agro-alimentaire  

Nous rencontrons ensuite Dimitris qui a repris, en 2010,  une PME familiale du secteur de la transformation des produits laitiers.

Fondé en 1969 par son père qui a commencé en tant qu’éleveur de brebis, l’entreprise a prospéré très progressivement pour atteindre aujourd’hui un troupeau de 130 brebis avec une dizaine de salariés qui travaillent dans la partie transformation.

Ce cluster territorial du nom de “Terra Thessalia” exporte aujourd’hui dans tout le pays et jusqu’en Suisse des produits comme la feta (AOC), des yaourts et du gruyère rapé. Positionné sur un créneau de qualité, la PME illustre le cas de ces entreprises qui font vivre les zones rurales en entretenant un savoir-faire précieux et en se positionnant sur des marchés de niche à plus forte valeur ajoutée et souvent tournés vers l’exportation.

Dimitris résiste à la crise en misant également sur l’innovation qui permet d’offrir de nouveaux yaourts au consommateur et aussi sur des techniques de marketing plus classiques (ex : travail sur la packaging). Nous avons là un très bon exemple de mélange harmonieux entre tradition et modernité.

A la fin de l’entretien, Dimitris insiste pour nous parler de l’association culturelle de son village. Chaque été, elle organise des fêtes, manifestations ou festivals qui ramènent au village des citadins et une partie de la diaspora. Ils financent ainsi par des dons  l’entretien du patrimoine bâti traditionnel (fontaines, cabanes de bergers en estives …) et des chemins de randonnée.

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