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Visite d’un commerce coopératif à Athènes, le 8 février 2017

Fondé en 2011 à Athènes, ce magasin coopératif suit les principes du commerce équitable ainsi que promouvoir l’Économie Sociale et Solidaire, chose assez rare en Grèce. Ce soutien du commerce équitable se témoigne par la volonté de s’approvisionner auprès de filières possédant un label de commerce équitable, notamment auprès des zapatistes du Chiapas auprès desquels ils se fournissent en café.

Depuis la crise de 2008, ce magasin coopératif a décidé de renforcer sa solidarité avec la Grèce en promouvant en priorité les productions issues de l’agriculture biologique et des petites exploitations agricoles locales ainsi qu’en diminuant le nombre d’intermédiaires pour pouvoir mieux rémunérer les fournisseurs. Le lien entre le magasin et les producteurs est primordial car c’est en les connaissant et renforçant la confiance qu’un sentiment de gain mutuel peut s’instaurer entre eux. Ainsi, ils travaillent depuis plusieurs années avec des coopératives de producteurs grecs, notamment avec des coopératives de femmes (similaires aux coopératives que nous avons pu rencontrer durant notre séjour) qui les fournissent en gâteaux artisanaux et confitures. Ce partenariat sur le long terme est profitable à tous les acteurs et donne une certaine crédibilité à ce magasin coopératif. Par exemple, de jeunes agriculteurs qui s’installent contactent ce magasin afin de connaitre leurs besoins et ainsi influencer leur production pour répondre à la demande de ce marché. De plus, ce magasin essaie de parler des producteurs aux consommateurs afin d’établir une transparence sur les produits. Ce magasin coopératif, de par ces liens solides avec des producteurs locaux se veut être un pont entre ville et monde rural et un moteur de développement des campagnes grecques.

Les profils des clients de ce magasin coopératif sont assez diversifiés et ne se limitent pas à des personnes engagées dans l’Économie Sociale et Solidaire. Évidemment, une partie de la clientèle est attirée par cette dimension mais l’autre grande partie est en fait une clientèle de proximité attirée par un magasin atypique dans leur quartier. Ce brassage permet de sensibiliser certaines personnes à cette thématique tout en leur laissant la possibilité de ne pas s’intéresser au projet et de simplement venir pour consommer. Il est intéressant de noter que de nombreuses personnes qui soutiennent ce projet sont en situation de difficulté financière et n’y achètent donc que peu de produits, leur privilégiant les supermarchés. En effet, en promouvant des produits de qualités, les prix pratiqués par cette coopérative sont supérieurs à ceux pratiqués par la grande distribution, il est donc compréhensible que les personnes ayant des faibles revenus se rabattent par nécessité sur les distributeurs aux tarifs les moins élevés. Un des représentants de la coopérative déplorait d’ailleurs cet état de fait et estimait que tout était une question de choix. Ils essaient donc de les convaincre qu’en achetant ici ils soutiennent une agriculture de proximité respectueuse de la nature et des travailleurs, tout en ayant accès à des produits de qualités mais ce discours est difficile à défendre face à des budgets très serrés.

Comme nous l’avons vu, l’Economie Sociale et Solidaire est embryonnaire en Grèce et ce magasin coopératif se veut aussi être un de ses promoteurs. C’est dans ce but que le magasin communique sur ce sujet, notamment en expliquant régulièrement à des classes d’écoliers ou d’étudiants le principe de ce magasin coopératif ou qu’ils essaient de mobiliser leurs clients. L’équipe de ce magasin, composée majoritairement d’anciens activistes, espère inspirer à d’autres personnes le désir d’impulser leurs propres projets. Selon eux, la crise grecque ne peut se résoudre que par un changement de paradigme de société qui doit être impulsé par une voie ascendante (Bottom-Up) alors que l’austérité est à l’opposée, imposée de manière descendante (Top-Down). Cette logique est aussi celle qui pousse ce magasin à tisser un réseau de plus en plus épais avec des structures ayant des objectifs similaires (notamment des coopératives de consommateur similaires à celle de Galatsi que nous avons rencontré le soir même) afin de s’entraider et échange afin de construire ensemble le monde qu’ils désirent.

 

                Ce magasin coopératif athénien est donc composé d’une équipe désirant voir le monde changer et qui se mobilise pour entrainer ce changement. Afin de changer le modèle économique dominant en Grèce, elle agit donc sur plusieurs dimensions : favoriser le type de production qu’elle désire soutenir (notamment celle qui est issue de l’agriculture biologique, de systèmes de productions à petite échelle ou d’autres acteurs de la solidarité) mais aussi sensibiliser leurs clients et un plus large public afin que ces valeurs fassent des émules et que d’autres projets similaires apparaissent pour renforcer cette vision du monde.

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